Un massif vieux de dix millions d’années

 À la fin du Miocène (11-9 MA), la subduction de la plaque tectonique australienne sous la plaque pacifique a provoqué la mise en place du prisme d’accrétion de Lengguru et son émergence au dessus du niveau de la mer.

L’alternance des plis montagneux et des vallées isolées (c’est-à-dire endoréiques) qui caractérise Lengguru s’est achevé il y a 7 millions d’années.

D’abord un trait d’union…

Au début de sa genèse, le massif de Lengguru a joué le rôle d’un pont terrestre entre la Nouvelle-Guinée primitive et la Péninsule de la Tête d’Oiseau – un morceau de croûte continentale qui s’est détaché de l’Australie il y a plus de 30 millions d’années et rapproché au gré des mouvements tectoniques –, permettant d’éventuels échanges entre leurs faunes respectives. Plus à l’Est, de nouveaux évènements de subduction ont ensuite permis la formation de la grande cordillère qui sépare longitudinalement la Nouvelle-Guinée, avec des sommets culminants à plus de 5000 mètres.

… puis une barrière naturelle

Par la suite, s’élevant de plusieurs cm par an, Lengguru a sans doute rapidement joué le rôle de barrière à la dispersion des organismes entre la péninsule de la Tête d’Oiseau et la Nouvelle-Guinée, d’une part, et entre les parties Nord et Sud de la Nouvelle-Guinée d’autre part.

Les importants taux d’endémisme qui caractérisent les peuplements zoologiques de ces trois régions biogéographiques pourraient donc résulter de l’orogenèse de Lengguru et de la grande cordillère.

La découverte d’espèces primitives, isolées au cœur de Lengguru depuis plus de 10 millions d’années, pourra permettre de tester cette hypothèse et également de calibrer temporellement les processus de diversification biologique pour tous les groupes étudiés.

 

Paysage de Lengguru © Vivien Bailly

Paysage de Lengguru
© Vivien Bailly