Premiers pas dans la baie d’Arguni

Samedi 30 octobre

Par Olga Otero olga.jpg, oct. 2010 Cette baie d’Arguni, tant attendue et enfin atteinte… enfin presque ou plutôt pas pour tous. Partis vers l’aval de la baie en longboat, Gilles et ses vaillants compagnons : Conni, Marc, Supian, Gigih, Amir et évidemment le courageux piroguier qui les a porté une grosse partie de la journée, ont vécu une belle aventure. Gilles va vous conter, plutôt que raconter, cette belle et fructueuse épopée à la recherche de gobies, autres vertébrés et cryptiques bestioles.

En revanche, pour ceux qui ont choisi de remonter la baie, c’est une autre paire de manches. Je m’explique. Partis ce matin pour établir un camp puis explorer la vallée de la Sewiki, le groupe incluant les grottologues mais aussi les chefs de l’expé, Laurent et Kadar, doit tout d’abord s’accorder avec les chefs des villages de la belle baie d’Arguni, que nous voulons explorer. Effectivement, jusqu’à présent nous ne nous sommes accordés qu’avec le village en face duquel nous sommes ancrés et qui gère la partie avale de la baie. En revanche, la gestion de la partie amont est en partage entre plusieurs villages… Après discussion, les choses sont fixées : aujourd’hui nous pouvons nous promener (jalan) et regarder (lihat) mais pas toucher (sentuh) ni collecter (simpan). Les grottologues peuvent se poser et jeter un œil aux alentours. De mon côté avec Ungul nous allons regarder (à défaut de gratter) les affleurements de la Steenkool et de la Klasatfet. On voit de bien jolies choses… on en parlera un autre soir, car pour aujourd’hui, en voilà bien assez : après les aventures de Gilles and co, vous pourrez lire et comparer (si vous êtes bilingue) les impressions d’un inconnu sur les premiers moments de la mission voilà plus de 3 semaines, livrées par Gigih, et celles de Domenico, un nouveau né de la rotation. Bonne lecture !

Olga Otero, sur le pont arrière du Airaha 2ancré dans la baie d’Arguni.

DDay: Teluk Arguni

Par Gilles S. gilles.jpg, oct. 2010 Huit heures, départ des karsteux en grande pompe avec leur longboat et son cortège de zodiacs. Les choses sérieuses peuvent enfin commencer pour les bios aqueux. Nous chargeons notre pirogue avec le matériel de pêche et des filets à phytoplancton. Surprise surprise, notre pirogue est un tronc joliment creusé, parfaitement effilé et parfaitement … instable. Pendant toute la journée nous allons rouler d’un bord sur l’autre au gré des caprices – très nombreux – de la bête. Le départ est donc on ne peut plus chaotique chacun étant blotti au fond de la pirogue fortement agrippé au bastingage, et tentant d’équilibrer l’engin ce qui se traduit de fait par une instabilité inquiétante. Après ce démarrage laborieux nous descendons la baie en longeant la rive gauche profitant de la beauté des falaises que le soleil éclaire.

Après 1 km, notre piroguier accoste au pied d’une falaise et entreprend la grimpée en taillant un layon à la machette. S’en suit une descente sur des blocs instables et plutôt acérés pour finalement déboucher sur un lac au fond de la doline. L’inspection rapide de la faune (mulets, toxotes) nous renseigne rapidement sur la nature salée des eaux. Les chercheurs du LIPI en profitent pour capturer quelques poissons.

Nous repartons précautionneusement toujours brinquebalés dans la pirogue. Nous traversons ensuite une zone sulfureuse à l’odeur peu agréable d’œuf pourri et où la mer prend une couleur vert-laiteux. Les chercheurs du LIPI décident alors de faire des traits de chalut à phytoplancton, nous vivons alors un moment de bravoure avec la pirogue qui semble prendre vie sous nos fesses.

Nous suivons toujours de hautes falaises peu propices à la présence de ruisseaux d’eau claire. Nous atteignons finalement la mangrove avec la marée qui baisse. Nous naviguons entre les palétuviers aux formidables racines apparentes. Nous croisons au gré de notre remontée un arbre couvert d’énormes fruits qui se révèlent être une colonie de roussettes de grande taille et qui se décrochent à notre approche. Nous observons avec fascination l’envol de ces silhouettes étonnantes PHOTO_1.jpg, oct. 2010 La mer se retire découvrant de nombreux troncs que notre pilote négocie habilement en profitant de la solidité de la coque de bois de sa pirogue surélevée. Nous restons finalement bloqués par un tronc. Autour du bateau de petites taches jaunes virevoltent sur elles-mêmes dans un balai incessant. Un coup d’épuisette nous révélera de petits tétrodons avec la face jaune. Nous observons en plus des nuées de mulets et quelques scatophages aux couleurs sombres. Nous descendons tant bien que mal de notre engin toujours aussi rétif pour nous retrouver englués dans une boue épaisse et noire qui menace de nous confisquer nos chaussures à chaque pas. Nous nous extrayons de cette fange pour remonter la rivière et atteindre si possible notre quête : l’eau douce. Finalement nous débouchons sous un porche majestueux d’où s’écoule une eau claire. PHOTO_2.jpg, oct. 2010 Malheureusement notre guide nous rappelle au bateau car la mer qui se retire menace de nous piéger dans ce lacis inextricable. Date est donc prise pour une exploration ultérieure d’autant que notre piroguier nous indique que la rivière réapparaitrait 3 km en amont. Du boulot pour les karsteux peut être.

Le retour est plus sportif notamment le demi-tour avec la pirogue empêtrée dans les racines des palétuviers. Nous repartons pour retrouver un autre tributaire qui se jette dans la mangrove. La progression est plus aisée malgré la marée basse car le chenal est plus profond au pied des montagnes. Nous quittons la pirogue pour rejoindre à pied la route en construction qui rejoint Kaimana. Après quelques centaines de mètre, nous débouchons sur un spectacle étonnant : une rivière bleu turquoise s’écoule dans un écrin de verdure ; profitant de notre surprise un crocodile s’élance dans l’eau avec une rapidité stupéfiante. C’est donc avec une certaine circonspection que nous descendons au bord de la rivière grâce à un énorme tronc qui plonge lui aussi dans eau merveilleuse. D’énormes mulets sautent autour des troncs qui jonchent la rivière créant des remous qui attirent nos regards inquiets. Malgré le danger, la pêche se déroule bien avec quelques gobies en prime. La faune dans cette forêt est extraordinaire, d’énormes papillons aux couleurs métalliques nous raccompagnent à notre destrier maritime et fougueux. Une chenille étonnante – croisement entre un écouvillon et un tampax (Marc com. pers.) viendra clôturer notre moisson bestiale. PHOTO_3.JPG, oct. 2010 Le retour s’annonce tranquille jusqu’à ce que nous débouchions de la mangrove. Avec la marée montante et le vent, une houle importante s’est développée et notre frêle esquif aura bien du mal à regagner le havre de son grand frère Airaha 2.

Par Gilles Segura

3. LENGGURU-KAIMANA, sebuah catatan perjalanan yang terekam dalam tulisan…

Gigih Setia Wibawa gigih.jpg, oct. 2010

7 Oktober 2010

Kami, team ekspedisi Lengguru Kaimana dari Balai Riset Budidaya Ikan Hias Depok berangkat dari kantor kami pada pukul, team terdiri dari Agus Priyadi, Sawung Cindelaras, Ruby Vidiakusumah, dan Gigih. Pada pukul 03.30, kami bertemu dengan team Prancis yang berjumlah 12 orang, dengan barang bawaan yang begitu luar biasa. Kami terbang ke kota Sorong-Papua dengan menggunakan pesawat express air bernomor nx800 pada pukul 05.30 BBWI dan tiba di Sorong pukul 14.00 BTWI. Tim penjemput kami telah bersiap di bandara untuk menyambut kami, terima kasih untuk APSOR dan Fabian yang telah mengatur semuanya. PHOTO_4.jpg, oct. 2010 Gambar 1 Susana setiba di Sorong (by Gigih)

Pada sore harinya, kami meninjau kapal yang akan kami pergunakan, KM AIRAHA 02, airaha dalam bahasa Serui berarti Marlin. Namun kami tidak lama, karena team harus beristirahat. Di Hotel Waigo, pada pukul 20.00, kami memulai rapat logistik, namun tidak lama karena kami akan makan malam. Makan malam kami kali ini luar biasa, pondok ikan bakar “Yogyakarta” menghidangkan aneka ikan bakar yang luar biasa lezat. Setelah makan, kami pulang ke hotel untuk beristirahat.

8 Oktober 2010

Aktivitas kami mulai pada pukul 09.00 BTWI. Kami mulai sarapan dan mempersiapkan barang bawaan kami. Setelah sarapan kami pun bersiap untuk meninggalkan hotel. Namun, bis APSOR yang akan membawa kami terlebih dahulu akan ke pasar untuk mempersiapkan logistik yang akan kami nikmati selama perjalanan panjang kami. Pukul 15.00, kami baru meninggalkan hotel dan langsung menuju APSOR, kapal kami telah menunggu disana. Barang langsung kami turunkan, logistik mulai berdatangan dan kami atur digeladak kapal AIRAHA 02. Malampun menjelang, ternyata surat yang akan mengantar kami selama perjalanan belumlah selesai, demikian pula dengan Jacques dan Laurent yang belum tiba bersama team Geologi, dan LIPI. Yang paling menggangu, kami belum mendapatkan gas untuk memasak. Tak lama kemudian, team datang, kami bersuka cita. Segera Sumanta meminta Gigih untuk membeli gas agar kami bisa berangkat. Setelah semua siap, kami angkat jangkar pukul 23.00. Malam itu kami berangkat ke Kaimana untuk memulai perjalanan ekspedisi kami.

9 Oktober 2010

Pagi hari dimulai dengan gerimis yang membuat Gigih dan Sawung terbangun, karena mereka tidur diatas kapal yang terbuka. Ruby dan Budiman tidur di geladak yang sedikit tertutup, sedangkan Laurent dan Bernard mendirikan tenda dekat Gigih dan Sawung. Tidak lama, Sumanta beserta team dapur telah menyiapkan mie goreng yang pagi itu terasa begitu nikmat. Kapal kami dengan pasti melaju pada kecepatan 10 knot di lautan yang sedikit beriak. Namun kami baru menyadari perjalan ke Kaimana akan kami lalui dengan memutar pulau Salawati, masih ada satu hari satu malam yang harus kami habiskan di kapal. Hari ini, tidak banyak yang bisa kami lakukan. Menjelang sore, Laurent melepaskan pancingnya agar mendapatkan variasi untuk makan malam, Gigih dan Amos pun tidak ketinggalan. Kapten segera menurunkan kecepatan pada 5-6 Knot. Tiba-tiba reel Laurent berderit tanda ikan besar menyambar, Laurent dengan cekatan menggulung reel, pada saat yang sama Sumanta berseru pada Gigih pancing yang dia lepaskan terasa berat, Amos menarik senar dengan cepat dan Gigih menggulung senar, dan double strike!!! 2 ekor Cakalang berhasil dinaikan ke buritan kapal, semua bersorak. PHOTO_5.jpg, oct. 2010 Gambar 2 Ikan tangkapan (by Sinung)

Sumanta langsung menyiapkan makan malam yang lezat untuk kami.

10 Oktober 2010

Pagi yang cerah namun sedikit berombak, Laurent, Amos dan Gigih telah melepaskan pancingnya ke lautan. Jigging Gigih disambar, namun keberuntungan belum menaunginya. Momen itu berlangsung hingga 3 kali, hingga Gigih pun menarik pancingnya. Ternyata Laurent dan Amos juga tidak mendapatkan hasil, hingga Kapten menambah kecepatan kapal agar cepat tiba di Kaimana, kota dimana Jacques, Jean Cristhope, Dokter dan Agus telah menunggu.Menjelang siang, tiba-tiba reel Laurent berderit tanda ikan menyambar pancing yang dia lepaskan, dan strike! Dengan cekatan dan hati-hati Laurent menggulung reel, seekor tenggiri berukuran sedang menjadi makan siang kami kali ini. Pukul 13.30, Airaha 02 telah tiba di Kaimana. Jacques dan rombongan menyewa perahu untuk mengantarkan mereka ke kapal. Kami bersuka cita, dan kamipun terlibat pada pembicaraan seru tentang perjalanan kami juga Perjalanan Jacques dan Agus dalam menyelesaikan segala sesuatu. Pada sore harinya, Sumanta, Amos, Ruby, Gigih dan Awak kapal pergi ke darat, untuk memenuhi logistik kami selama beberapa waktu kedepan, dan terima kasih pada Jacques yang telah mempersiapkan sebelumnya. Pasar yang kami kunjungi lebih tepat disebut pasar kaget, karena pasar tersebut hanya ada pada pagi dan sore hari. Setiba di kapal, Sumanta dan team dapur mempersiapkan makan malam yang lezat.

11 Oktober 2010

Masih di Kaimana, Jacques, Agus dan Laurent telah mengurus segala sesuatu di Kota. Dinas Perikanan mendelegasikan Napoleon untuk mendampingi perjalanan kami. Tidak banyak yang bisa kami lakukan, seharian kami diam di kapal. Gigih gelisah tidak sabar menantikan kedatangan Kadar yang membawa peralatan pancing barunya. Agak sore, Kadar telah tiba, semua bersuka cita dan Gigih mendapatkan pancing barunya, Gigih sangat senang dan langsung menggulung senar. Hari ini Kami merakit sebuah perahu karet yang akan kami pergunakan.

Oleh Gigih

4. Premières impressions

Par Domenico Caruso caruso.jpg, oct. 2010

J’avais sciemment laissé l’ordinateur à Jakarta pour sevrage de choc dont je me réjouissais d’avance ; mais Olga m’a rappelé au devoir. Donc me voila devant le clavier pour vous assener les impressions d’un nouvel arrivant de la mission. Bon, avant tout je vous dis qu’il me tardait d’arriver à Lengguru. Ces derniers jours à Jakarta avaient été particulièrement « passionnants » et il était temps que je retourne à Irian Jaya. Je vous passe les impressions et tous les mots sublimes qui peuvent émouvoir un naturaliste au devant de cette nature. Tout est grandiose et ce qui est super de savoir que ce que je verrai le lendemain sera encore mieux. Aujourd’hui, des copains sont partis pour atteindre leurs objectifs dans les diverses directions de la baie et le bateau, avec les quelques qui restent, prend une dimension reposante. Les discussions dans le carré vont bon train, les histoires des uns et des autres s’entremêlent, l’équipage pêche des poissons divers et variés des Arius spp, des Scianidae et des petits requins (que l’on remet à l’eau). Bref, c’est la paix et il y a même une petite brise réjouissante qui rend notre mouillage encore plus agréable. Il est important d’avoir des moments ainsi, avec le temps qui flotte, suspendu. Cela repose les mollets et permet les lessives, entres autres. Mais ne croyez pas que je suis là pour ne rien vous raconter, des tas de choses se passent ici au quotidien, mais d’autres plumes plus agiles que la mienne le feront mieux que moi. Le chapitre de la baie d’Arguni Bawa n’est qu’à son commencement et des tas de d’aventures vont être racontées par nos amis spéléos, partis pour quelques jours d’exploration, les paléontos et tous les fouineurs de la nature passée et présente que nous sommes. Les collègues archéologues vont aussi essayer de répondre à notre curiosité admirative devant les premiers moments de l’histoire des hommes sur cette belle île. Bon je vous laisse, laissez-moi voir les lumba-lumba (dauphins) qui circulent timidement autour de notre bateau.

Par Domenico Caruso

Une réflexion au sujet de « Premiers pas dans la baie d’Arguni »

  1. je suis devenue accro à votre roman feuilleton; tout y est: suspens,aventure,action, poesie et de magnifiques photos…de plus,la succession des differents narrateurs (et leur humour perso ) ajoute du piquant à la lecture. j’attends avec impatience et une pointe d’anxieté la suite de vos aventures .
    a bientôt…Arlette

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