Retour des sommets

Mardi 18/11, au camp de Kumawa.

Les explorateurs des cimes (Vincent, Borja, Christophe, Antoine et Philippe, accompagnés d’Olivier) sont rentrés hier de leur périple. La montée et la descente ont été difficiles. Seuls Vincent et son guide Deman sont parvenus au sommet à 1425 mètres, tellement le relief était escarpé. Les chercheurs et les guides ont dû tracer leur chemin sur des pentes raides, faites de roches friables et instables. Ils ont traversé des éboulis et fait de la varappe à certains endroits. Ils ont installé un premier camp à 400 mètres près d’un point d’eau, puis un second à 1150 mètres le lendemain. Heureusement, ils ont trouvé de l’eau à 800 mètres, ce qui leur a permis de se ravitailler sans avoir à redescendre au premier camp.

Vue depuis le camp à 1150 mètres d’altitude – Copyright : C. Thébaud / IRD

L’objectif de cette expédition était d’atteindre les forêts de nuages, au-dessus de mille mètres, où la faune et la flore sont très particulières. A cette altitude, les nuages s’accumulent contre les pentes et l’air est chargé d’humidité en permanence. Il fait froid la nuit et frais le jour. Les arbres sont de petite taille et couverts de mousse et de fougères. Chaque sommet est comme un îlot de biodiversité, isolé des autres sommets par des zones de plus faible altitude. Les populations d’espèces qui ne vivent que dans les milieux d’altitude se sont trouvées isolées sur ces îlots lors de la formation de la chaîne de montagne, il y a 2 à 3 millions d’années. Elles ont évolué séparément des autres populations qui occupent d’autres massifs montagneux, donnant parfois naissance à de nouvelles espèces.

Une partie de l’équipe de retour au niveau de la mer – Copyright : B. Mila / IRD

Un seul scientifique avait fait l’ascension de ce même sommet, il y a 30 ans. Il s’agit de Jared Diamond, auteur de plusieurs ouvrages récents d’anthropologie ayant eu un grand retentissement, comme « Effondrement » et « Le monde jusqu’à hier », et l’un des meilleurs connaisseur des oiseaux de Nouvelle-Guinée. Lors de son exploration du massif de Kumawa, il a découvert au sommet des populations de huit espèces d’oiseaux présentant des caractéristiques qu’il n’avait jamais observées ailleurs, mais n’a pas pu les photographier en raison d’une panne de son appareil. Il a émis l’hypothèse que ces populations pourraient constituer de nouvelles espèces. Christophe et Borja rêvaient de partir sur ses traces, de photographier ces oiseaux, et de prélever de petits échantillons sanguins en vue d’analyses génétiques. Ils l’ont fait ! Même s’ils ne sont pas parvenus au point culminant, Vincent l’a fait et il a oublié quelques instants ses orchidées pour photographier une gloriette d’oiseau jardinier. Il s’agit d’une aire de séduction de presque 2 mètres de diamètre, où le mâle attire les femelles. Celle que construit l’oiseau jardinier de Kumawa est l’une des plus spectaculaires que l’on puisse voir en Nouvelle-Guinée.

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La gloriette de l’oiseau jardinier – Copyright : V. Droissart / IRD

A 18 heures, un représentant de chaque équipe est monté à bord de l’Airaha 2 pour une liaison en direct avec l’aquarium Mare Nostrum de Montpellier. Il y avait là-bas une centaine d’enfants des écoles primaires de Montpellier participant au projet pédagogique de l’expédition. Ils ont pu poser leurs questions aux chercheurs et se faire une idée de la vie quotidienne sur le terrain et de la démarche scientifique propre à chaque discipline.

Laurent et Régis en liaison directe avec l’aquarium Mare Nostrum – Copyright : S. Quérouil / IRD